Comprendre la sélection et son importance

Pourquoi parler de sélection ?

Toutes les abeilles ne se ressemblent pas. Certaines sont plus douces, d’autres plus résistantes aux maladies ou encore plus efficaces pour l’élevage et la production de miel.

Ces différences viennent en partie de leur patrimoine génétique, c’est-à-dire des gènes transmis par la reine et les mâles lors de la reproduction.

L’objectif de la sélection n’est pas de “modifier” les abeilles, mais de préserver et renforcer les caractères naturels utiles, tout en maintenant la diversité indispensable à leur santé et à l’équilibre des colonies.

Reine, mâles et transmission des caractères

Chez l’abeille, la reproduction fonctionne d’une manière unique dans le monde animal :

  • La reine est diploïde : elle possède deux jeux de chromosomes (un du père, un de la mère).
  • Les mâles (ou faux-bourdons) sont haploïdes, issus d’un œuf non fécondé : ils n’ont qu’un seul jeu de chromosomes, hérité uniquement de leur mère.
  • Les ouvrières naissent d’un œuf fécondé et reçoivent donc des gènes à la fois du père et de la mère.

Les reines transmettent deux fois plus de patrimoine génétique à leurs filles qu’à leurs fils.

Ce système crée une forte variabilité naturelle entre colonies et permet à l’apiculteur d’orienter la reproduction en sélectionnant les meilleures lignées pour la douceur, la santé ou la productivité.

Comment se transmettent les caractères

Chaque caractère (douceur, couleur, comportement hygiénique, résistance…) dépend de plusieurs gènes, appelés allèles, qui se combinent selon différents modes :

  • Dominant : un seul parent suffit pour que le caractère apparaisse.
  • Récessif : les deux parents doivent porter le gène pour que le caractère s’exprime.
  • Additif : plusieurs gènes agissent ensemble pour renforcer le caractère (cas typique des comportements hygiéniques, VSH, SMR…).
  • Épigénétique : l’environnement ou l’origine parentale modifient l’expression du gène sans changer l’ADN (ex. agressivité majoritairement transmise par certaines lignées paternelles).

Des exemples concrets

  • La douceur : issue de reines et de mâles porteurs de gènes favorisant un comportement calme. Ces lignées facilitent le travail au rucher et limitent le stress de la colonie.
  • Le comportement hygiénique (HYG) : les abeilles repèrent et éliminent les larves malades, limitant la propagation des maladies du couvain.
  • La résistance au varroa (VSH/SMR) : certaines abeilles détectent les varroas dans les cellules et les retirent, interrompant le cycle du parasite.

Ces comportements ne s’imposent pas brutalement : ils s’améliorent progressivement, génération après génération, par une sélection raisonnée.

Le rôle du sélectionneur apicole

Observer, comparer et transmettre les meilleures lignées sans appauvrir la diversité : c’est tout le sens de la sélection apicole raisonnée. Elle vise à maintenir des abeilles locales adaptées au climat de La Réunion, équilibrées entre production, douceur et santé.

Reines & Sélection

Nous élevons et sélectionnons des reines adaptées au climat tropical et aux miellées réunionnaises.

Notre travail repose sur des mesures en rucher, des tests standardisés et l’insémination artificielle, qui permettent de sécuriser la progression génétique dans le temps.

Pourquoi sélectionner les reines ?

  • Douceur : colonies manipulables, sécurité accrue pour l’apiculteur.
  • Hygiène : comportement nettoyeur, meilleure résilience sanitaire.
  • Productivité : couvain régulier et récoltes plus stables.
  • Adaptation locale : performance dans les conditions réunionnaises (chaleur, humidité, floraisons spécifiques).

Notre protocole de sélection

  • Traçabilité génétique : chaque lignée et chaque reine sont clairement identifiées.
  • Tests terrain : notation standardisée des colonies (douceur, tenue de cadre, hygiène, régularité du couvain).
  • Sélection des mères : choix des reines reproductrices selon des critères objectifs et constants sur plusieurs visites.
  • Multiplication contrôlée : fécondation dirigée ou insémination artificielle selon les objectifs de reproduction.

Insémination artificielle : contrôler la filiation

En accouplement naturel, une reine s’unit avec de nombreux mâles choisis au hasard, ce qui rend la filiation difficile à maîtriser.

L’insémination artificielle permet de choisir précisément la mère et les mâles, d’orienter les traits souhaités et de garantir une progression réelle, parfois discrète d’une génération à l’autre mais robuste et mesurable dans le temps.


🧭 En résumé : la sélection apicole n’est pas une intervention contre nature, mais un accompagnement raisonné de l’évolution des colonies. Elle permet de préserver la vitalité, la douceur et la résilience des abeilles locales, tout en préparant les générations futures à s’adapter à un environnement changeant.

Types de reines proposées

F0 – Reines inséminées (sur demande)

  • Filiation contrôlée (mère et mâles connus).
  • Recommandées pour l’amélioration de cheptel et la production de F1.
  • Quantités limitées ; délais variables selon saison.

F1 – Reines fécondées (sélection dirigée)

  • Issues de mères sélectionnées, fécondation contrôlée/dirigée.
  • Choix pertinent pour les ruchers de production.

Reines vierges (élevage local)

  • Pour éleveurs équipés souhaitant maîtriser la fécondation.
  • Fenêtre de disponibilité courte ; anticiper la commande.

Cellules royales (prêtes à éclore)

  • Idéales pour le renouvellement rapide de reines ou la création de nucléis.
  • Provenant de mères sélectionnées (douceur, hygiène, productivité).
  • Livrées entre J+9 et J+10 après greffage (selon température et saison).
  • Nécessitent un transport soigné et une mise en ruche immédiate à réception.

Format recommandé pour les apiculteurs formés à l’élevage ou souhaitant introduire des lignées sélectionnées à moindre coût.

Qualité & sanitaire

  • Suivi sanitaire rigoureux, élevage en conditions maîtrisées.
  • Traçabilité : marquage/numérotation conforme à notre système de nommage.
  • Fiche de lignée et conseils d’introduction fournis à la commande.

Calendrier & disponibilité

Les disponibilités varient selon la saison (météo, miellées). Contactez-nous pour connaître les créneaux d’envoi et les délais. Les F0 inséminées requièrent un délai spécifique (planning et contrôle de ponte).

Tarifs & commande

  • Devis sur demande selon type (F0, F1, vierge), quantité et période.
  • Remises possibles pour lots et partenariats d’élevage.

Questions fréquentes

Pourquoi la « progression » n’est-elle pas toujours visible immédiatement ?

La sélection vise une amélioration cumulée : stabilité, douceur, hygiène, productivité. Les effets sont parfois discrets sur une génération, mais solides à moyen/long terme, surtout avec une filiation maîtrisée (insémination).

Comment bien introduire une reine ?

Suivre un protocole strict (orphelinage, contrôle d’acceptation, nourrissement). Recommandations fournies à la commande.

Comment évaluer objectivement ma colonie ?

Utiliser une grille standardisée : voir « 5. Sélection artificielle : principe et testage » plus bas sur cette page

Contact

GAÏA APICULTURE
297 avenue du Général de Gaulle – RN2, 97410 Saint-Pierre
Tél. : 06 92 82 50 06contact@gaia-apiculture.re

Nous écrire

Mieux comprendre les fondements génétiques et la pratique professionnelle

La sélection en apiculture combine biologie, génétique, observation de terrain et maîtrise de la reproduction. L’objectif : améliorer durablement les qualités recherchées dans un cheptel — douceur, productivité, hygiène, résistance, stabilité du couvain, tenue sur cadre, absence d’essaimage — tout en maintenant la diversité génétique nécessaire au bon fonctionnement des colonies.

Voici les fondements scientifiques indispensables pour comprendre le travail de sélection et l’insémination instrumentale.

1. Génome, ADN et chromosomes : fondations de l’hérédité

Le phénotype d’une colonie est l’expression du génome des individus qui la composent. L’information génétique est stockée sous forme d’ADN, macromolécule en double hélice composée de quatre bases (A, T, G, C). Enroulée autour d’histones, l’ADN forme la chromatine, elle-même compactée en chromosomes.

Chez la femelle (reine ou ouvrière), les cellules possèdent 16 paires de chromosomes, soit 32 chromosomes. Chaque paire contient deux exemplaires d’un même chromosome : l’un d’origine maternelle, l’autre paternelle. Des milliers de gènes y sont répartis et codent pour des caractères morphologiques, physiologiques et comportementaux.

Chaque gène peut exister sous plusieurs versions appelées allèles. Quand un individu possède deux fois la même version d’un gène, il est homozygote ; lorsqu’il en possède deux versions différentes, il est hétérozygote. Certains allèles sont dominants, d’autres récessifs, d’autres encore fonctionnent de façon additive.

2. La reproduction chez l’abeille : un système haplodiploïde

Les Hyménoptères possèdent un système haplodiploïde : les femelles naissent d’un œuf fécondé (diploïdes), les mâles d’un œuf non fécondé (haploïdes).

2.1 Ovocytes de la reine : une diversité massive

La méiose, chez la reine, produit des ovules haploïdes génétiquement uniques. La combinaison des 16 paires de chromosomes, sans même compter les enjambements, permet au minimum 2¹⁶ = 65 536 combinaisons d’ovocytes différents. C’est la matière première du travail de sélection.

2.2 Mâles : spermatozoïdes clonés

Les faux-bourdons ne produisent pas leurs gamètes par méiose. Leurs 16 chromosomes, tous hérités de leur mère, sont simplement dupliqués : tous les spermatozoïdes d’un même mâle sont des clones. La contribution génétique d’un mâle correspond donc à celle d’un seul ovocyte de la reine qui l’a produit. D’où l’importance de la sélection des mâles en insémination.

2.3 Le locus sexuel (CSD) et la consanguinité

Le sexe est contrôlé par un seul locus (CSD). Si un œuf fécondé reçoit deux allèles sexuels différents, il donne une femelle. S’il reçoit deux allèles identiques, il donne un mâle diploïde, rapidement détecté et éliminé par les nourrices, créant des « trous » dans le couvain. C’est la dépression de consanguinité. Le sélectionneur doit donc gérer la diversité des allèles CSD pour éviter ces situations.

3. Types de caractères génétiques

3.1 Caractères récessifs

Un caractère récessif ne s’exprime que si la reine est homozygote pour l’allèle concerné. C’est le cas de certains comportements hygiéniques décrits dans la littérature.

3.2 Caractères dominants

Une reine hétérozygote et une reine homozygote pour un allèle dominant expriment le même phénotype. Pour les distinguer, il faut observer la descendance sur plusieurs générations.

3.3 Caractères additifs (HYG, VSH, SMR)

De nombreux comportements (hygiénisme, VSH, SMR) sont polygéniques et additifs : chaque gène favorable ajoute une petite part au caractère final. L’insémination permet de cumuler ces allèles favorables de génération en génération.

3.4 Empreinte parentale et épigénétique

Certaines études montrent que des gènes hérités de la mère ou du père peuvent être méthylés et donc silencieux, laissant s’exprimer préférentiellement l’autre copie. Cela éclaire par exemple des agressivités liées surtout à certaines lignées de mâles.

4. Hybridation et hétérosis : F0, F1, F2

Le croisement de lignées différentes produit souvent en F1 une vigueur hybride : colonies plus productives, plus régulières. En F2, les combinaisons génétiques se redistribuent : les résultats deviennent hétérogènes, parfois agressifs ou instables. D’où l’importance de :

  • conserver des lignées de base (F0),
  • produire des F1 régulières par insémination ou fécondation dirigée,
  • éviter de sélectionner en F2 pour la reproduction.

5. Sélection artificielle : principes et testage

La sélection consiste à favoriser la reproduction des colonies exprimant le mieux certains caractères. Elle repose sur trois piliers :

  1. Identifier les reines et les colonies (nommage, marquage, fiches).
  2. Maîtriser la fécondation (stations saturées en mâles, insémination).
  3. Évaluer la descendance pour vérifier la transmission des caractères.

5.1 Sélection directionnelle

Elle vise à augmenter le niveau d’expression d’un caractère d’une génération à l’autre. Le progrès (Δg) dépend de la diversité génétique de départ, de la sévérité de la sélection (proportion de reines retenues) et de la qualité du testage.

5.2 Testage et conditions révélatrices

Le testage est l’évaluation standardisée des colonies. Il doit limiter au maximum les biais dus à l’environnement pour que les différences observées reflètent réellement le potentiel génétique et non seulement la floraison ou la météo.

Pour certains caractères, il faut des conditions révélatrices : forte pression de varroa pour mesurer VSH, conditions sanitaires délicates pour l’hygiénisme, périodes de stress pour la stabilité comportementale, etc.

5.2.1 Ce qu’on évalue en pratique

Chaque sélectionneur peut adapter sa grille, mais quatre familles de critères forment un socle commun :

  • Tenue aux cadres & douceur : comportement sur les cadres, agressivité, besoin d’enfumage.
  • Tendance à l’essaimage : fréquence des cellules royales, facilité à contenir l’essaimage.
  • Production de miel : poids récolté par ruche, comparé à la moyenne du rucher.
  • Comportement hygiénique : vitesse de nettoyage (tests « épingle », couvain gelé…), homogénéité au sein de la lignée.

5.2.2 Grille de notation ITSAP – douceur, tenue au cadre, essaimage

Note Douceur Tenue au cadre Essaimage
1 Agressivité forte malgré l’enfumoir ; attaques sans provocation. Les abeilles quittent massivement les rayons, se regroupent en grappes. Essaimage actif ou imminent ; difficile à contenir sans intervention lourde.
2 Piqûres fréquentes durant le travail, même avec un enfumoir soutenu. Les abeilles débordent des cadres, montent sur les bords et les hausses. Forte tendance : cellules royales nombreuses, signes nets de préparation.
3 Travail possible sans stress excessif avec un enfumoir modéré. Les abeilles bougent mais restent sur les cadres durant l’intervention. Faible tendance : quelques cellules royales ; l’essaimage peut être évité en intervenant.
4 Enfumoir peu ou pas nécessaire ; comportement très calme. Les abeilles restent compactes sur les rayons, peu de vol. Aucune tendance observée : absence de cellules royales.

🐝 Conseil : adoptez une échelle commune (1–4 ou 1–5) pour comparer vos résultats entre ruchers ou entre éleveurs.

Important : les grilles de notation diffèrent d’un programme à l’autre. Définissez votre échelle et vos règles avant de comparer des données.

5.2.3 Comparer la production en %

La production dépend fortement des conditions de butinage d’un site (floraisons, météo, altitude, pression apicole). Pour comparer les origines, on raisonne donc en production relative :

% production ruche = (Production de la ruche / Moyenne du rucher) × 100

Une ruche à 120 % est 20 % au-dessus de la moyenne de son rucher ; à 85 %, elle est 15 % en dessous.

Exemple de répartition (comparaison entre ruchers)

Deux ruchers, plusieurs origines de reines. On peut comparer les résultats dès lors que chaque origine est représentée dans plusieurs ruchers.

Rucher Origine % production
A 1 112 %
A 2 96 %
B 1 105 %
B 3 88 %
C 3 101 %

Interprétation par rucher

Rucher A : l’origine 1 (112 %) surpasse nettement l’origine 2 (96 %).

Rucher B : l’origine 1 (105 %) reste au-dessus de la moyenne, l’origine 3 (88 %) est nettement plus faible.

Rucher C : l’origine 3 (101 %) se comporte correctement ; elle est donc sensible au site mais pas systématiquement mauvaise.

Interprétation globale par origine

Origine Moyenne relative Conclusion
1 (112 % + 105 %) / 2 = 108,5 % Lignée performante et régulière → origine à privilégier.
2 96 % Légèrement en dessous de la moyenne → lignée correcte mais sans surperformance.
3 (88 % + 101 %) / 2 = 94,5 % Résultats inconstants selon les sites → lignée très dépendante de l’environnement.

⚠️ Pour comparer des origines entre ruchers différents, il faut au moins 2–3 reines par origine et par rucher (réplication croisée).

5.2.4 Conseils de mise en place

        • Échelle commune : définissez une échelle unique (1–4, 1–5 ou 1–10).
        • Fenêtre de mesure : fixez des périodes (miellées principales) et ne mélangez pas les années dans les comparaisons.
        • Réplication : au moins 2–3 reines par origine et par rucher.
        • Traçabilité : code unique par reine (voir « Comment nommer une reine »), même si elle est renommée chez le testeur.

5.3 Sélection stabilisante

Elle vise non pas à améliorer mais à conserver les qualités d’une lignée.

Dans ce cas, des croisements consanguins contrôlés (ex : tante × neveu) peuvent être nécessaires pour retrouver des caractères récessifs à l’état homozygote.

Mais cette méthode ne peut être poursuivie sans limites : elle expose à la consanguinité et à la perte de diversité.

Il faut donc régulièrement introduire de la variabilité issue de colonies non apparentées mais compatibles.

6. Nommer et identifier correctement une reine : fondement du suivi génétique

6.1 Pourquoi nommer une reine ?

L’identification systématique d’une reine est un pilier fondamental de la sélection. Elle permet de suivre la généalogie, la performance, la transmission des caractères et la diversité génétique. Sans un système de nommage rigoureux :

  • des erreurs de traçabilité peuvent apparaître,
  • plusieurs reines issues du même croisement peuvent être confondues,
  • l’analyse des performances et de la génétique devient difficile,
  • le contrôle du locus sexuel (CSD) et de la consanguinité est compromis.

6.2 Structure standard du nom de reine

Un modèle couramment utilisé est :

Pays – Code association – Code éleveur – Numéro – Année

Exemple : RE-AA-OLIS-0001-2024

Version interne simplifiée : OLIS-24-0001

6.2.1 Éléments constitutifs

  • Pays (2 lettres) — ex : FR, RE.
  • Code association (facultatif).
  • Code éleveur — identifiant unique.
  • Numéro de la reine — séquentiel (ex : 0001).
  • Année — format AAAA.

6.2.2 Exemple d’application

  • Système complet : RE-AA-OLIS-0001-2024
  • Variante interne : OLIS-24-0001

6.3 Mentions facultatives mais recommandées

  • Lignée / Race : ex. MU (Unicolor), B (Buckfast).
  • Génération : F0, F1, etc.
  • Marquage couleur : selon code international.
  • Valeurs génétiques / index : pour les programmes avancés.

6.4 Mise en œuvre dans la pratique

6.4.1 Attribution du nom

Lorsqu’une reine est élevée ou achetée, elle reçoit immédiatement son nom. Celui-ci doit figurer :

  • sur la fiche d’élevage,
  • sur les documents d’insémination,
  • dans la base de données de suivi (tests comportementaux, hygiéniques, VSH, etc.).

6.4.2 Lors de la vente ou d’un transfert

Le nom sert de référence unique. Il est recommandé de fournir un pedigree ou un QR code renvoyant aux informations généalogiques et aux résultats de test.

6.5 Suivi généalogique

Le nommage est un outil de gestion de la diversité, de l’héritabilité et du progrès génétique. Il permet :

  • d’associer chaque reine à une lignée précise,
  • de suivre la transmission des caractères,
  • de détecter les risques de consanguinité (mâles diploïdes),
  • de calculer régulièrement le gain génétique (Δg).

6.6 Recommandations professionnelles

  • Enregistrer toujours le nom de la reine et les mâles utilisés lors de l’insémination.
  • Mettre à jour les résultats de test dans votre base de données.
  • Utiliser une codification compatible avec les bases internationales (Beebreed, Index Mellifera).
  • Éviter tout doublon dans les numéros.
  • Effectuer un contrôle annuel de cohérence.

7. Pourquoi l’insémination instrumentale est un outil fondamental du sélectionneur

L’insémination est le prolongement logique de la génétique apicole. Elle permet :

  • de choisir précisément les mâles contributeurs,
  • de vérifier l’homozygotie ou l’hétérozygotie d’une reine,
  • de construire des lignées pures et reproductibles,
  • de stabiliser des caractères récessifs,
  • d’accumuler des caractères additifs (HYG, VSH…),
  • de maîtriser la diversité du locus sexuel (CSD).

Grâce à l’insémination, la sélection devient prévisible, mesurable et reproductible. C’est l’outil permettant d’obtenir un progrès génétique réel et durable.

Sans ces connaissances génétiques, l’insémination serait une procédure “technique” sans cohérence évolutive ; comprise dans son contexte, elle devient un véritable levier de progrès génétique, le seul qui permette de travailler avec la précision nécessaire pour bâtir une lignée.

Conclusion

La génétique de l’abeille est complexe, mais la comprendre transforme radicalement la pratique de la sélection. Elle permet de voir la colonie comme un super-organisme, de considérer les ouvrières comme l’expression du couple reproducteur, et de comprendre pourquoi la maîtrise de la diversité génétique — en particulier au locus sexuel — est vitale.

En maîtrisant ces bases, l’apiculteur professionnel ne se contente plus d’élever des reines : il bâtit des lignées, contrôle l’expression des caractères, stabilise ses qualités, évite les drames de la consanguinité, et peut exploiter pleinement les outils modernes de sélection comme le testage, les stations de fécondation ou l’insémination instrumentale.

C’est cette compréhension globale qui fait aujourd’hui la différence entre l’élevage empirique et le véritable travail de sélection.